Agriculture : le gouvernement durcit le label Haute Valeur Environnementale

Source: Les Echos|Author: Dominique Chapuis|Date: 11/23/2022

Les économies du G20 accusent un très net retard dans la réduction de leurs émissions de carbone. Au point qu'il va désormais leur falloir décupler leurs efforts pour tenir les objectifs de l'accord de Paris sur le climat. (Photo by Johny Goerend on Unsplash)

Les critères de cette certification lancée en 2012 ont été durcis. L'utilisation de certains pesticides cancérigènes, jusque-là tolérée, est désormais interdite. La viticulture représente plus de 70 % des utilisateurs du label HVE.

Le gouvernement a décidé de durcir les critères permettant aux exploitations agricoles d'accéder à la certification Haute Valeur Environnementale (HVE), jugés pas assez exigeants par les associations et les producteurs de bio. Un label très utilisé, surtout dans la viticulture.

Lancé en 2012, il prend en compte le travail des agriculteurs en faveur de la biodiversité, leur stratégie phytosanitaire, leur gestion de la fertilisation, et de la ressource en eau. Mais, contrairement aux cultures biologiques, il n'interdit pas le recours à des pesticides et à des engrais chimiques , il impose juste de les limiter au maximum.

La viticulture en tête

D'où la mobilisation des associations de défense de l'environnement qui estiment « que ce label était facile d'accès et pouvait être obtenu sans vraiment changer les pratiques ». En janvier 2022, plus de 24.800 exploitations possédaient ce fameux sésame, selon le ministère de l'Agriculture, soit une hausse de 29 % en six mois. Et de 73 % en un an. Ce qui représente environ 4,4 % de la surface agricole utile contre 10,3 % pour le bio.

Mais son déploiement a été beaucoup plus rapide, faute de contraintes lourdes. La viticulture représente le gros des troupes, avec plus des trois quarts des exploitations. Toutes les foires aux vins dans la grande distribution mettent en avant le HVE. Elle est suivie loin derrière de l'arboriculture et du maraîchage (environ 10 %), puis des grandes cultures (7,8 %). Le gouvernement visait les 50.000 exploitations certifiées en 2030.

Ce cap sera plus difficile à atteindre. Car les règles viennent d'être durcies pour répondre à la politique européenne. La Commission européenne avait jugé que les propositions de la France dans le cadre de la nouvelle PAC (2023/2027) n'étaient pas assez « vertes ». D'où ces nouveaux arbitrages.

Moins d'engrais chimiques admis

Jusque-là, il existait deux voies pour accéder à la HVE, la A et la B. La première, la plus valorisante aux yeux de la majorité des exploitants, affiche une quarantaine de critères à respecter. La seconde, seulement deux, dont le niveau des pesticides. Les agriculteurs pour lesquels les achats d'intrants représentent moins de 30 % du chiffre d'affaires, pouvaient jusque-là y prétendre.

Ce qui permettait aux exploitations des filières à forte valeur ajoutée (viticulture) ou à fort coût de main-d'oeuvre (maraîchage) d'obtenir la certification, sans aucune amélioration de leur performance environnementale, a indiqué l'Institut du développement durable et des relations internationales à l'AFP.

Cette voie B est désormais supprimée. Tandis que les critères de l'autre voie ont été renforcés, avec dans le cahier des charges, par exemple, l'interdiction, côté phytosanitaire, d'utiliser des produits avec des risques cancérigènes (CMR1 et CMR2). Une façon de rassurer le consommateur qui pensait acheter en HVE des produits sans engrais chimiques. Les seuils des fertilisants ont aussi été revus à la baisse. En matière de biodiversité, les ​exploitations devront aussi développer haies, talus, et mares.

Une révision qui devrait satisfaire les agriculteurs qui se sont engagés dans le bio, et dont le marché est à la baisse ces derniers mois, victime de l'inflation et de la confusion dans la multiplication de labels.

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